L’hypersensible en situation de harcèlement
- Charlotte Wils
- 17 mai 2018
- 9 min de lecture

Nous avons vu dans l’article précédant L’hypersensible et l’empathie que l’empathie est véritablement ce qui caractérise, définit et distingue une personne hypersensible.
Cette empathie est une très grande et belle aptitude naturelle, qui lors d’une relation avec un autre hypersensible crée une harmonie spontanée, une simplicité des échanges, une bienveillance mutuelle et un bien être partagé alors que lors d’une relation avec une personne d’une nature fondamentalement différente, voir diamétralement opposée de la nature de la personne hypersensible, cette empathie peut se révéler être ou devenir une disposition réellement dommageable à l’hypersensible selon les personnes.
Nous sommes tous différents les uns des autres, deux hypersensibles sont différents l’un de l’autre, deux personnes sensibles sont différentes l’une de l’autre, deux non-hypersensibles sont différents l’un de l’autre et chacun, tous, sommes différents les uns des autres et c’est très bien ainsi. Nous sommes tous différents les uns des autres certes, mais nous avons néanmoins tous une nature profonde qui nous associe, une nature profonde qui nous réunit les uns aux autres, une nature profonde qui fait que nous nous reconnaissons les un et les autres, qui fait que nous sommes attirés les uns par les autres, une nature qui nous rapproche les uns des autres, nous rassemblent, nous réunit et nous relit. Ce que nous dit le dicton :
« Qui se ressemble s’assemble »
C’est ce qui fait que naturellement les hypersensibles se sentent généralement mieux avec des personnes de même nature, avec d’autres personnes hypersensibles.
La nature de la personne hypersensible est généralement d’être droite ouverte, généreuse, bienveillante, accueillante, avec un goût de l’autre, une curiosité saine, sincère et authentique de l’autre, un amour prononcé de l’aide aux autres, du service à l’autre et d’aimer spontanément l’autre indépendamment des différences.
Cette nature même de l’hypersensible en relation avec des personnes dont la nature serait contraire, voir opposée à la nature de l’hypersensible, c’est à dire avec une personne dont la nature serait d’être plutôt tournée vers elle même, voir égocentrique, une nature pas spécialement bienveillante, voir malveillante, une nature qui fait des plans, élabore des coups, échafaude des stratégies, voir manipulatrice, une personnalité asphyxiante, voir toxique peut véritablement faire beaucoup de tord à l’hypersensible et l’anéantir. Les personnes de cette nature sont généralement étiquetées de manipulateurs, pervers ou pervers narcissique pour exprimer principalement des comportements conscients ou inconscients qui vont être véritablement nuisibles à tous, mais principalement à l'hypersensible parce que ces personnes ne vont pas spontanément ou pas se permettre ce comportement avec tous ou vont être stoppées par d'autres.
Seulement l’hypersensible, accueillant, aimant, aidant, droit, authentique et sans filtre est un terrain favorable, facile à laisser ce type personne avec ses comportements s'imposer à lui. Avec la personne hypersensible, ce type de personne saura s’adapter et adopter provisoirement et spontanément un comportement en miroir de la personne hypersensible qui fait croire à la personne hypersensible que la personne qu'elle a en face d’elle est de même nature qu'elle. Il voit rapidement que de par son empathie naturelle l’hypersensible va être dans l’accueil spontané, l’aide, la bienveillance et la confiance. Seulement progressivement la véritable nature de la personne en face d’elle va lentement et progressivement reprendre sa place et se révéler en laissant échapper des comportements, des remarques, des attitudes propres à sa nature. Cependant la personne hypersensible se trouve souvent déjà piégée dans une situation, dans une relation dans laquelle elle s'est déjà beaucoup investie, dans laquelle elle a déjà beaucoup donné, dans laquelle elle croit beaucoup et à beaucoup confiance mais de laquelle elle se sent incapable de sortir seule.
Et comme nous dit cette métaphore « Le scorpion et la grenouille » ….
Un scorpion et une grenouille se rencontrent sur la rive d'une rivière.
Le scorpion se tient à distance respectable et s'adresse à la grenouille.
Scorpion : J'aurais un service à vous demander, madame, la grenouille.
Grenouille : Allez y ça pourrait peut être m'intéresser.
Scorpion : Voilà, je dois absolument traverser la rivière, car j'ai un rendez-vous important de l'autre côté de la rive et je suis déjà en retard. Donc je me demandais si vous pourriez me prendre sur votre dos pour me faire traverser la rivière, car vous savez que nous les scorpions nous ne savons pas nager.
Grenouille : Mais voyons, monsieur, le scorpion - tout le monde sait bien que la piqûre de votre dard est mortelle et que si je vous prends sur mon dos je risque la mort.
Scorpion : Mais voyons madame la grenouille un tel raisonnement n'est pas digne de votre intelligence - si je vous pique je vais moi aussi couler avec vous au fond de la rivière et au risque de me répéter nous les scorpions nous ne savons pas nager.
La grenouille se laisse convaincre et prend le scorpion sur son dos et nage vers l'autre rive de la rivière.
Rendu au milieu entre les deux rives la grenouille sent le dard du scorpion s'enfoncer dans son dos.
Avant de couler, elle s'adresse au scorpion
Grenouille :Mais pourquoi scorpion m'as-tu piqué ? Ton incapacité à nager va te condamner à une mort certaine.
Scorpion : Tu m'excuseras grenouille, mais c'est dans ma nature!
La nature de la personne hypersensible est d’aider l’autre, et cela bien souvent malgré les comportements malveillants de cet autre pernicieux alors que des personnes moins sensibles, avec une sensibilité moins élevée que l’hypersensible ne vont pas nécessairement être impactées, blessées, perturbées, déchirées ou déstabilisées par les comportements, les remarques, les critiques de ce type de nature, ce type de caractère, ce type de personnalité.
Les personnes moins sensibles vont plus facilement réussir tout naturellement et très spontanément à ne pas s’investir dans une relation avec ce type de personne, elles vont réussir à tenir à distance cet autre trop envahissant, à répondre fermement, à recadrer ou à s’opposer à cet autre intrusif, importun, envahisseur, ce qui est difficile à faire, à concevoir, complexe et souvent malaisé pour l’hypersensible. Ce sont donc ces difficultés qui font dire généralement que l’hypersensible est une proie idéale pour les manipulateurs.
"Les personnes sensibles sont souvent une cible pour ceux qui confondent la bonté et la faiblesse, mais la bonté est une force"
C’est donc véritablement l’empathie de l’hypersensible qui en relation avec ce type de personne, de personnalité, de nature et de comportement devient une forme de vulnérabilité et le place dans des situations dites de harcèlement.
Ce qui à l’origine est sa singularité, sa force, sa droiture, sa beauté, sa bonté, son innocence en présence de certains êtres devient une vulnérabilité, une fragilité, une déficience.
La personne hypersensible serait donc une proie idéale parce que l’empathie de la personne hypersensible l'amène à montrer, dire, parler, donner et partager, naturellement ses émotions, ses ressentis, son histoire, ce qui l’anime, ce qui la touche et finalement se dévoile (trop). On la lit comme un livre ouvert. Elle ne garde généralement aucune réserve, aucune protection aucune sécurité. Ce qui avec un(e) autre hypersensible est un cadeau, une joie, un partage, une grâce revient à dire qu'elle tend un bâton pour se faire battre avec une personne qui finalement ne pense qu'a ses propres intérêts. Elle donne, partage, révèle, s’expose et s’abandonne à cet autre qui n’a véritablement ni de pures intentions, ni les mêmes intentions que la personne hypersensible mais qui saura véritablement tirer parti, au bon moment, des ces informations qu’elle lui « offre » .
Dans un premier temps, cet autre écoute la personne hypersensible, enregistre toutes les données, les informations et s’alimente. Telle une sauterelle qui repaire rapidement les hypersensibles avec ses longues antennes vient sur son territoire, pille ses ressources naturelles, détruit ce qu'il reste et s’en va. Cet autre s’imprègne, se nourrit et enregistre très précisément le fonctionnement de la personne hypersensible, il identifie ses goûts, ses passions, ses désirs, il repère ses manques, ses faiblesses, ses besoins et l'isole. La personne hypersensible est sensible à l’intérêt de cette personne pour sa personne qui semble, l’écouter, la comprendre, l’apprécier, voir l’aimer (le Graal). Ce qui la met en joie provisoirement, mais ce qui l’incite à s’abandonner davantage et à se livrer davantage. Il va alors se servir et utiliser toujours pour son intérêt personnel consciemment ou inconsciemment, chaque information récoltée en lui servant très précisément ce qu’elle a envie d’entendre, ce qu’elle aime qu’on lui dise dans le but gagner encore du terrain dans la vie de l'hypersensible et de resserrer les liens. Ce qui amène la personne hypersensible à croire que lui (ou elle) la comprend, que lui (ou elle) la remarque, que lui (ou elle) l’aime véritablement et ainsi créer avec elle (ou lui) un lien particulier, spécial, un semblant de relation intime, fusionnelle ou amicale, mais qui va lui permettre de gagner la confiance totale de la personne hypersensible. Il va réussir ainsi à se faire apprécier, aimer par la personne hypersensible.
La deuxième étape pour cet autre se passe lorsque la relation de confiance est établie et que la personne hypersensible est en joie, ressent des sentiments de confiance, de plénitudes, des sentiments d’assurance, a des espoirs ou des projets et que cet autre, va brutalement briser, casser, étouffer un à un chaque espoir, chaque projet par des déstabilisations, des humiliations, en lui faisant progressivement et de plus en plus souvent des reproches, des critiques, des dévalorisations, des culpabilisations ou par des comportements de rejet. Ce type de personne, de nature, de personnalité peut n’avoir aucune limite puisqu’à l’inverse de la personne hypersensible ce type de nature, de personnalité n’a pas de réelle empathie vis-à-vis de l’autre, n’éprouve aucune émotion face à la douleur d’autrui, n’a aucun remords, aucune culpabilité, voir même prend un certain plaisir à voir souffrir l’autre, ce qui le soulage de sa propre souffrance, de son propre manque, de sa propre frustration.
C’est dans cet ensemble d'interactions dans lequel ces personnes peu scrupuleuses mettent en œuvre des stratégies de déshumanisation dans lesquelles généralement l’hypersensible n’est pas naturellement armé. Tel un poison, ce type de personnalité est véritablement toxique pour tous et plus encore pour la personne hypersensible qui donne et met sa confiance très naturellement, trop rapidement et très spontanément en l’autre.
Ce type de nature, de personnalité, l’hypersensible peut le rencontrer dans sa vie familiale, cela peut être un père, une sœur, un frère. Il peut le rencontrer aussi dans sa vie personnelle, cela peut être un(e) ami(e), un conjoint, un voisin. l’hypersensible peut également rencontrer ce type de nature dans un environnement professionnel, et cela peut être un chef, un dirigeant, un enseignant, une personne qui détient une autorité. Et bien souvent au plus le pouvoir est petit, au plus l’abus de pouvoir est grand.
« Ne jamais se mettre à dos les gens étroits d’esprit qui ont un peu de pouvoir. »
Evelyn Adler dans "Mary" de Marc Webb
Souvent ce type de personne agit en cachette, de manière à ce que personne ne soit témoin. L’absence d’opposition du reste de la famille, des collègues ou des amis est une forme d’autorisation, une validation d’un fonctionnement toxique et pervers, une perversité passive.
Dans la vie professionnelle comme dans la vie personnelle, cet autre est particulièrement nocif et toxique pour la personne hypersensible qui ne voit pas immédiatement le fonctionnement tordu chez cet autre parce que la personne hypersensible ne porte pas ce comportement en elle, il ne fait pas partie de son fonctionnement, de son logiciel ou de son référentiel.
« La nature humaine est perverse dans sa complexité,
pour en percer les secrets il faut les bons outils ».
Hercule Poirot dans « Le crime de l’Orient-Express »
de Kenneth Branagh d’après l’œuvre d’Agatha Christie
C’est donc ce qui m’amène à cette deuxième métaphore
Un Maître zen vit un scorpion se noyer et décida de le tirer de l’eau.
Lorsqu’il le fit, le scorpion le piqua.
Par l’effet de la douleur, le maître lâcha l’animal qui de nouveau tomba à l’eau une seconde fois.
Le maître tenta de le tirer à nouveau et l’animal le piqua encore.
Un jeune disciple qui était en train d’observer se rapprocha du Maître et lui dit :
« Excusez-moi Maître, mais vous êtes têtu ! Ne comprenez-vous pas qu’à chaque foisque vous tenterez de le tirer de l’eau il va vous piquer ? »
Le maître répondit :
« La nature du scorpion est de piquer et cela ne va pas changer la mienne qui est d’aider. »
Alors, à l’aide d’une feuille, le maître tira le scorpion de l’eau et le sauva de la noyade, puis s’adressant à son jeune disciple, il continua :
« Ne change pas ta nature si quelqu’un te fait mal, prends juste des précautions.
Les uns poursuivent le bonheur, les autres le créent.
Quand la vie te présente mille raisons de pleurer, montre-lui que tu as mille raisons pour sourire.
Préoccupe-toi plus de ta conscience que de ta réputation.
Parce que ta conscience est ce que tu es, et ta réputation, c’est ce que les autres pensent de toi…
Et ce que les autres pensent de toi… c’est leur problème ! »
L’une des solutions serait donc, quand cela est possible, la protection, la distance, l’éloignement.
Il y en a d'autres, chaque situation est différente, chaque cas est différent.
La première chose pourrait être :
"Si tu veux connaître quelqu'un,
n'écoute pas ce qu'il dit mais regarde ce qu'il fait."
Le Dalaï-Lama
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